Elle se sent liiibre… entre ces femmes de son milieu… et… dans ces lieux où… elle respire l’air
Sans ‘’clochette’’ Mr.… (même si c’est une liberté provisoire)…
.. Quel bonheur de se sentir libre et libérée, de temps à autre, libérée du qualificatif conjugal ''mari'', libérée aussi de son foyer ! Quel bonheur de se retrouver en bonne compagnie féminine dans sa propre voiture, stationner à sa guise, s’arrêter comme et quand cela lui chante, en bonne entente, sentir son plaisir partagé au fil d’une journée qui semble s’allonger à son profit, sans calculs sordides ni de fausses estimations, ou des critiques désobligeantes de la part d’une personne harcelante, chicaneuse pour un oui-pourquoi et un non-comment ! une personne qui pense constamment du mal d’autrui ! Enfin ! quel plaisir de se retrouver avec des personnes sans procès d’intention !
… La jeune femme chante à tue-tête…Elle a soudain envie de rappeler à sa mère et à sa sœur ce qu’elle considère comme une anecdote-écho de sa mémoire de jeune fille. Elle dit, vous vous rappelez de 7Afsa cette cousine ayant quitté son mari à cause d’une discorde qui devait en principe entraîner un divorce ? …Un divorce qui pour son grand malheur n’a pas eu lieu ! Elle a du longtemps séjourner chez sa mère avant de retourner bredouille chez elle. Mais combien contente durant son séjour chez sa mère lors de cette escapade fortune du foyer conjugal ! C’est ce qu’elle a dit ce jour-là où elles sont venues elle et ma tante rendre visite à Mama… Il faut dire que celle-là était vraiment dérangée par la situation de sa fille qui avait à peine 35 ans et trois enfants ! Oui ! par Dieu ! je me plais chez Mama ! s’est alors écriée la jeune femme choquant sa mère et pas Mama qui encourage toutes les rebellées contre leur mari quand il est question de ''+ que de dignité'' ! c’est primordial pour la vieille dame, car il s’agit aussi d’une question-principe de ''Justice et de Liberté d'action'' de toutes ces femmes instruites au même niveau que les hommes, fonctionnaires touchant aussi des salaires, et qui demeurent pourtant et encore comme des esclaves sous la tutelle de leurs hommes… Je vœux retrouver ma liberté d’action et de parole ! avait formulé la jeune femme. Alors, elle a clamé en ajoutant aux oreilles ébahies de sa mère, ma pauvre cousine, tout en chantant : je suis liiibre maintenant, sonne ô mon Razal ! (*Seirrr’sseirrr yaàà r°°°°zaààli !) (*’’Seirrr’sseirrr yaàà r°°°°zaààli !’’) *C’est joli comme expression de ‘’liberté’’ ! Cela peut vouloir dire : ''rends-moi visite ô mon Bel Élan ! je suis liiibre ! ‘’Razal en arabe qui est Bel élan fait aussi appel à la beauté de l’animal, à son agilité, à sa liberté de gambader…etc. Dire de quelqu’un ‘’rzaal’’ ou de quelqu’une ‘’rzaala’’, ce n’est pas seulement pour dire qu’il est beau ou qu’elle est belle mais c’est aussi pour les qualifier de ces qualités de grâce, d’intelligence, de fougue…etc. Alors/ *’’Sonne ô mon Bel-Elan !’’ ! cela ferait appel à la liberté de choisir de la jeune femme frustrée depuis qu’elle s’est mariée à l’âge de 18 ans ! vous ne trouvez pas ? Bien sûr cela a choqué ma tante très à cheval sur les mœurs…C’est toujours malheureux, répond la mère, de voir ses filles adorées depuis leur naissance toutes rzaaaaalate, tomber mal…
.. Au fait les deux expressions amalgamées ‘’sersèr ya rzaali ; je suis liiibre !’’ bien assimilées, sont trop mignonnes ! s’esclaffe in petto Badia. Si le sentiment de liberté provisoire tournait ainsi pour elle, elle se plierait sans faute aux nombreuses contradictions de l’une et de l’autre.... Et comme par hasard, elle se rappelle un matin où consécutivement, elle a senti le nœud de la rébellion et de la révolte lui serrer la gorge depuis le gros orteil du pied passant par les tripes / (Mama dirait ''m°n l°b°nna 7tta l°gu°nna'', c'est à dire depuis l'orteil/ jusqu'au sommet de la tête). Et, paradoxalement, elle a sauté de sa place, et puis automatiquement, elle franchit le pas pour amener à monsieur assis à son bureau de création poétique comme elle aime le voir faire plus souvent, tout en virevoltant directement vers l’âtre de ses rêves, portant une boisson pur-jus super vitaminée et glaçon née, jugeant l'état de monsieur-hurlant de ''fatigue aérienne'', super fébrile… et son soi-disant devoir à elle, par affection, s’étendre vers la poésie hymne de son amour pour lui. Pourtant, par quelle démystification juste après, elle a crié haro sur toutes les servitudes non reconnues ou dénigrées avec des tics d’arrogance… (Non ! D’autres fois c’était avec un sourire et un bisou sur la main qu’il l’accueillait ! en disant : tu es adorable mon ange ! ...)
Extrait du roman ''Les Tourterelles'' Bouchra Benjelloun