Parler bête

Combien de futilités de langage peut-on dramatiser encore, pense Badiعa, résumant l’itinéraire de toute une vie fondée... sur quoi au fait?!, se demande-t-elle convaincue par l'absurdité de la vie et des relations humaines quand elles sont confrontées aux oscillations propres à notre chimie cérébrale de ''mal-fichus'', pense-t-elle plus convaincue que jamais de l'existence de la bêtise humaine qui est moult fois inévitable.

Mama dit l°kiyèss° f°'nnasse kay°zourou l°b°h°'làne s°b'عa d°l° m°rràte f°nn°hàr. (C'est à dire que le plus futé des humains est visité chaque jour sept fois par madame la Bêtise). Aussi, les paroles bêtes découlent -elles inévitablement de sa bouche, déduit Bada.

La parole mal placée, note Badia, déforme la nature des relations humaines, les transforme et rend la vie parfois infernale. Quand la bonne parole fait défaut au langage de communication, le conflit s'installe alimenté par quelque caractère difficile à gérer. Toute bonne intention d’un certain individu maladroit, requise en vue de mener une cohabitation saine et sereine avec un autrui aussi maladroit, passe inaperçue.

C'est trop bête de créer le malentendu! , pense Badia reprise par sa maturité. Cependant des fois elle voudrait user de toutes ses impulsions pour envoyer au diable les importuns et les importunes qui persévèrent dans leur entêtement, leurs doutes et leur méchanceté gratuite.

Mais dans l’ensemble, elle pense que cela reste l’histoire d’un orgueil malade à faire crever de rancune, et celle de revirements imprévisibles non maîtrisés qui vous rendent trop vache aux yeux de ''l'ahuri'' ou ceux d’un accusé à tort.

Quelles sont les personnes qui savent régler leurs problèmes avec raison, évitant entièrement leurs pensées tordues et leurs sentiments malmenés ou leurs réactions imprévisibles ? Je pense en tous cas que la schizophrénie est humainement chronique.

Nad'ya, cite Mama, à pris la fuite de chez elle à la seule phrase de son mari lui sortant: si tu n’es pas contente de notre vie, va trouver une autre.. Petite formule exprimée par son mari, ya wa'ع°di!(ô ma déploration!, s'indigne Mama-Sage)..

Rien que ça?!, pense Badiعa. (Elle en a entendu de pires, elle!) Ce n’est pas un drame, c’est logique même. Toute personne adulte est libre de mener sa propre vie comme elle l’entend. Pourquoi nous forcer à plaire à nos congénères en toute situation compromettante?

Badiعa a un air triste en disant: surtout les plus détestables d’entre eux, aussi compréhensifs soient-ils quand cela les enchante ou les arrange plutôt ! (Elle s'est incrustée des pensées affreuses dans sa tête de linotte.) Pourquoi, déplore la jeune femme, l’être humain malmené dans sa dignité, doit-il se soumettre à l’étreinte de cet autre sournois et acariâtre?, ce n’est pas juste! L’amour de son prochain nous incite-t-il à accepter les agressions verbales? physiques? les insultes? les injures? les humiliations? les fusées-bombes-flèches empoisonnées? les méchancetés préméditées? Les ordures langagières ciblées à toute allure ? Le mépris écrasant de combien de personnes à la bouche-égout ? Celles qui ne révisent jamais leur comportement et attitudes, se croient tout permis de dire et de proférer et défendent aux autres toute liberté de s'exprimer, de dénoncer ? Non ! Quand on accapare trop la parole et on t'ordonne agressivement de te taire, tu prends des coups, oui, tu prends des coups!...Tu penses à la revanche. Tu ne veux plus être cet individu faible qui tend l'autre joue pour recevoir la gifle en silence.